L’incroyable histoire du verre Tiffany, de la méthode à la manière de voir un vitrail
Plus qu’une nouvelle méthode, Louis Comfort Tiffany, à l’origine du vitrail Tiffany, a révolutionné la manière d’assembler le vitrail, mais aussi de le percevoir.
Dans la pénombre d’un riche salon New-Yorkais, une source de lumière vient éclairer de sa lumière les coins d’ombre les plus sombre de la pièce. L’atmosphère se veut intime, la lueur de la lampe tamise l’ambiance et nous drape dans un univers rempli de couleurs. Avec ses nuances colorées, la lampe posée sur un meuble de bois, assorti d’une fine dalle de marbre, ne laisse pas indifférent avec son détail et l’ordonnance complexe des couleurs. De petits bouts de verre assemblés minutieusement dans un dessin sibyllin. Et pour cause : voilà l’une des rares créations sur lampe, d’un peintre-verrier de renom : Louis Comfort Tiffany
Un petit peu d'histoire ...
Louis Comfort Tiffany est un artiste et un grand créateur avant d’être un peintre-verrier d’exception. Né à New York en 1848, dans une famille de joailliers, montrant, très jeune une sensibilité pour la peinture et la décoration d’intérieur, il se lance finalement dans le travail du verre dès ses 24 ans. Il travaillera pour plusieurs verreries avant de lancer sa propre entreprise en 1885 à 37 ans. Déjà, au lancement de son entreprise, il invente alors un nouveau procédé pour fabriquer des verre opalins (jusqu’ici les verres opalins sont connus et utilisés en Europe depuis au moins le XVIeme siècle, on les fabriquait surtout de couleur blanche pour imiter la porcelaine venue de Chine).
Ces verres opalins n’ont rien à voir avec la méthode Tiffany, mais cela montre déjà un aspect créatif et surtout ingénieux de la part de M.Tiffany. Dans la même lignée, nous pouvons aussi parler de la technique de « verres drapés », une technique qui consiste à replier la pâte en fusion du verre sur elle-même, en y incluant plusieurs couches de verres colorés.
Verre Favrile
Une de ses contributions majeures au monde du vitrail reste le « Verre Favrile ». Inspiré des trouvailles des fouilles archéologiques et d’un passé gréco-romain, Louis Comfort Tiffany créé un verre opaque, irisé d’un verre venu du passé. Il cherche à obtenir un verre ondoyant, riche de nuances, avec un effet de matière inédit. Ce verre si particulier est obtenu par l’ajout de sels métalliques lors de la fusion de ce dernier.
Le Tiffany
Mais ce cher monsieur Tiffany n’en a pas fini avec la renommée, car il sera aussi connu pour le verre Tiffany ! Nous pouvons de suite couper court : le verre Tiffany est une méthode d’assemblage et « rien » de plus ! Contrairement au Fusing, au Thermoformage, ou à la technique de la dalle de verre et du béton, qui sont des procédés bien spécifiques, le Tiffany est très similaire aux vitraux de plomb ! La méthode de dessin, de découpe sont similaire, le verre est sensiblement le même, en revanche pour le Tiffany, nous n’utilisons pas de baguettes de plomb, mais un ruban de cuivre autocollant, sur lequel on applique du décapant pour cuivre, afin de faciliter la soudure avec de l’étain !
Influence sur le monde du Vitrail
Outre ses grandes créations et la révolution des procédés dans le travail du verre qu’a apporté M.Tiffany, son influence sur la manière de percevoir et de reconnaître le vitrail a chamboulé l’univers de ce dernier. D’un détail sans égal, Louis Comfort. Tiffany n’a jamais fait dans la production de masse, chaque pièce de son atelier, fabriqué de ses mains ou de celles de ses employés, ne connaît de répliques. Chaque pièce est unique et montre le savoir faire de la famille Tiffany. Ce n’est pas une coïncidence si le nom de la méthode du verre Favrile, vient directement de Favrilis, qui se traduit en latin par « Fait main », qui « appartient à un artiste ou à son art ».
Là où pendant longtemps, le vitrail avait acquis une dimension religieuse, était destiné à la méditation, à la prière, il a voulu insuffler un air nouveau, plus contemporain. En puisant dans son imagination, le vitrail a pris des airs abstraits, conceptuels, presque fantaisistes, avec des formes courbées, moins géométriques. Et l’on ressent jusque dans la méthode d’assemblage : un montage avec un ruban de cuivre se présente avec une armature moins rigide, on utilise alors des pièces plus petites, on accorde plus de sens aux à l’insignifiance des détails. Les thèmes prédominants pour M.Tiffany restent tout de même la religion et les paysages, la vision qu’il en a restera différente du courant de l’époque.
Pour conclure, je vous joins quelques photos des grandes réalisations en verre de M.Tiffany pour apprécier toute l’immensité de son talent. Vous pouvez toujours retrouver plus de 260 de ses oeuvres ici, que ce soit de la peinture, des abats-jours en verre, des vases ou des meubles.